Initiez-vous Ă l’Histoire de l’Art ! 🎨
Le rendez-vous hebdomadaire de Thomas, professeur Ă l’atelier d’arts plastiques et confĂ©rencier : « Nous allons revenir aujourd’hui au dĂ©but de cette ère industrielle moderne, avec un de mes paysagistes prĂ©fĂ©rĂ©s. »Â
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Albert Marquet (1875-1947) a Ă©tĂ© un camarade d’atelier de Matisse et comme tel injustement accusĂ© de n’ĂŞtre pas montĂ© dans le « train de l’art moderne » comme les autres. En fait, Marquet est un des plus subtils peintres de la modernitĂ© comme sujet.
C’est une sorte de maĂ®tre chinois du paysage, de l’équilibre Zen entre le plein et le vide, les gris et le fugace.
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đź–Ľ Notre Dame en hiver, (1908)
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- Marquet souffrait de conjonctivite, son allergie chronique Ă la poussière lui interdisait de peindre en plein air. Ses vues sont toutes faites d’une chambre d’hĂ´tel ou de l’un de ses ateliers, ici celui du quai Saint-Michel. Ses vues en contre-plongĂ©e ont un aspect distancĂ©, stylisĂ© et lointain. Quelques passants, deux fiacres, des bus, une pĂ©niche…ActivitĂ© rare, tout est immobile, noyĂ© dans la neige grise et le brouillard. Les volumes sont rĂ©duits Ă des plans indistincts, ouverts sur le nĂ©ant. La cathĂ©drale est une Ă©norme masse indistincte, fantomatique.
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đź–Ľ Le Pont Neuf, (1935)
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- Ici aussi, tout est irrĂ©el. FĂ©erie moderne Ă©crit Baudelaire, magie de l’Ă©clairage Ă©lectrique, de la grande ville, de la mode, dont la Samaritaine est un temple. Le grand magasin est illuminĂ©, les phares des voitures, les feux des lampadaires, les enseignes dansent sur le sol mouillĂ©. Les masses noires des immeubles et de la Seine sont imposantes, presque sinistres, le ciel rougi. La modernitĂ© est un feu follet, un jeux de reflets dans la nuit.
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đź–Ľ Port de Hambourg, (1910)
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- La seconde révolution industrielle est celle des transports, des ports, il en a peint beaucoup. Du pavé et de la tôle à la fumée, tout est mouvement et rythme. La vapeur fuit horizontalement vers la gauche, les pylônes sont verticaux, les cheminées sont alignées. Tout est simplifié, comme une calligraphie.
Marquet aime le contre-jour parce qu’il crĂ©e une autre dimension, rĂ©duit les volumes Ă des plans….et admirez la subtilitĂ© des gris froids du ciel et de la pierre, et du gris chaud de l’eau. Paysage absolument moderne !