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Initiez-vous à l’Histoire de l’Art ! 🎨

Le rendez-vous hebdomadaire de Thomas, professeur à l’atelier d’arts plastiques et conférencier.

« Nous avons vu Marquet transmuter la tôle, l’eau et la fumée en paysage moderne. Aujourd’hui, nous allons découvrir l’alchimie de l’abstraction. Mondrian jette dans son creuset des éléments qu’il cristallise en compositions d’une grande beauté. Ces œuvres sont à contempler comme un mandala, le regard s’y perd sereinement.‌ »

🔍 Piet Mondrian (1872-1944) a été un maître du fauvisme hollandais. Il découvre le cubisme vers 1910, à presque 40 ans.
Son œuvre se radicalisera avec ses célèbres damiers blanc, gris, jaune, bleu, rouge, quadrillés de lignes noires. Les périodes que je préfère sont celles des premières compositions formelles, sur la crête entre abstraction et figuration, et le virage surprenant de ses toutes dernières œuvres.

🖼 Composition ovale avec pans de couleurs 2, (1913)

Fraîchement débarqué à Paris, Mondrian s’inspire des façades des vieux immeubles et de leurs tons pastels. Le cubisme lui donne une géométrie stricte de plans délimités par des traits orthogonaux et des lignes courbes…Mais sans le relief en trompe l’œil des cubistes. Ici, les surfaces sont planes et vibrantes de lumière comme un vitrail. Le jeu des couleurs crée une profondeur étonnante, on y voit des fenêtres, des murs, des angles suggérés avec subtilité. L’ovale ajoute à la douceur harmonique de l’ensemble. Dans la version 1, le U en bas à gauche écrivait le mot KUB, clin d’œil au cubisme, et aux affiches pour le bouillon Kub sur les murs de Paris.

🖼 Composition, jetée et océan, (1915)

Durant la première guerre, Piet Mondrian est bloqué en Hollande. Cet isolement involontaire est la source d’une remise en question, qui aboutira à une simplification radicale de son art. Face à la mer, il a la révélation du tableau comme miroir du rythme universel. Les tirets qui se croisent et s’écartent, rigoureux, évoquent la lumière qui bouge sur l’eau, la jetée qui avance…Le plein et le vide, le mouvement et l’immobilité sont unis. L’ovale est dans le cadre rectangulaire comme précédemment, il borde et ouvre à la fois cet espace cosmique.

🖼 Victory Boogy Woogy, (1944)

A New York, Mondrian découvre la ville moderne, ses couleurs, son rythme rapide, son bruit. Il se passionne pour le jazz, l’austère hollandais aime même danser dans les clubs…Quelque chose se passe, qui lui fait abandonner son vocabulaire strict pour réinventer son style. Victory Boogy Woogy est un renouveau, un de ses derniers tableaux. Il dira l’avoir vu en rêve avant de le peindre. Tout bouge, clignote, vibre, les petites surfaces de couleurs primaires créent un rythme libre et gai. Et la « main », la trace du pinceau, soigneusement effacée depuis des années, reparaît.

« Mondrian était un homme méditatif et solitaire. Il a vécu et est mort solitaire, en véritable ermite de la voie abstraite.
Dans le « Top 50″ de la peinture moderne du XXe siècle, ses œuvres auraient pour moi la première place. Elles sont d’une beauté unique, ce sont de diamants. »