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Initiez-vous Ă  l’Histoire de l’Art ! 🎨

Le rendez-vous hebdomadaire de Thomas, professeur Ă  l’atelier d’arts plastiques et confĂ©rencier.

Après les paradoxes quantiques de Magritte, aujourd’hui un magicien subtil de l’art moderne, Paul Klee !

🔍 Paul Klee (1879-1940) (prononcer clĂ©) est nĂ© dans une famille de musiciens près de Berne, en Suisse. Il pratique le violon dès l’âge de 7 ans, et  jeune homme  se passionne pour la poĂ©sie, l’art, la philosophie, les sciences…. Il choisi de devenir peintre et embarque avec enthousiasme dans le train de la modernitĂ©. En ce dĂ©but de siècle, un avenir artistique nouveau semble en vue. Les avant-gardes doivent provoquer une mutation spirituelle.
PĂ©dagogue, thĂ©oricien, il a tentĂ© toute sa vie de construire une synthèse entre les arts… une unitĂ© en accord avec la beautĂ© de l’univers.

đź–Ľ Le poisson d’or, (1925)

Petit poisson d’or en eaux profondes…Paul Klee ne croit pas dans la diffĂ©rence entre l’art reconnu, l’art des fous, celui des enfants…Il est un des pères de l’art brut. L’art est pour lui invention libre, l’expression de l’inconscient, de l’intuition naturelle.
L’artiste explore et mĂ©lange toutes les techniques, il invente sans cesse. Il mĂ©lange l’huile et l’aquarelle, le pastel, la cire…le collage, le grattage d’encre et de goudron….le bois, le verre, la toile, le papier, le plâtre… La surface picturale est vivante. La forme est signe, le signe Ă©criture…L’art est, comme il l’Ă©crit, une histoire naturelle infinie…

🖼 Château et soleil, (1928)

Admirez comme le cubisme de Klee est sensuel, tactile…Rien Ă  voir avec le style cĂ©rĂ©bral et froid de Braque/Picasso. Ici, chaque Ă©lĂ©ment a sa pleine qualitĂ©, sa tonalitĂ©. Les lignes droites et brisĂ©es, les triangles, les rectangle et les carrĂ©s, structurent la surface. Les couleurs s’additionnent. C’est un tapis magique très subtil  ou chaque Ă©lĂ©ment forme un ensemble harmonique. C’est l’harmonie du cosmos et le regard est invitĂ© Ă  y dĂ©couvrir son propre chemin.

đź–Ľ Ad Parnassum, (1932)

Le dessin et la couleur sont ici bien sĂ©parĂ©s. Le dessin est un hiĂ©roglyphe simple et très beau : l’angle d’une pyramide et en bas une porte, avec un trait oblique comme une rampe. La surface est couverte de minuscules tirets qui forment une mosaĂŻque pointilliste.
Klee explique Ă  ses Ă©lèves de l’Ă©cole du Bauhaus que les qualitĂ©s s’additionnent : le clair est lĂ©ger, l’obscur profond et lourd, les couleurs sont chaudes, froides, sucrĂ©es, poivrĂ©es, elles ont une odeur..
L’espace pictural est traversĂ© de rythmes, il est vivant, il est liĂ© au temps.
Le titre de cette peinture est symbolique : Le Parnasse est la montagne sacrĂ©e (qui a donnĂ© Montparnasse), sommet d’un monde nouveau oĂą l’avant garde rejoint le passĂ© de la pyramide antique. Et dont la porte nous est ouverte, peut-ĂŞtre….

🔍 Paul Klee travaillait le plus souvent sur table, en petits formats, « peindre avec un tout petit orchestre » disait-il. Il faisait jusqu’Ă  trois Ĺ“uvres par jour, dessin, huile, aquarelle, collage divers. Sa production pour la seule annĂ©e 1939 Ă©tait de 1200 Ĺ“uvres !

Il les emballait soigneusement et les rangeait dans une grande armoire, comme un artisan orfèvre. Il aimait Ă©galement crĂ©er des marionnettes, des jouets ou un théâtre miniature pour ses enfants.En 1937, les nazis ouvrent l’exposition d‘Art DĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. Les plus grands artistes modernes sont accrochĂ©s de travers entre des slogans injurieux. Cette « contre-exposition » de propagande est censĂ© dĂ©montrer la  dĂ©cadence de l’art judĂ©o-bolchĂ©vique. Les Ă©coles et les ouvriers la visitent…Et le poisson d’or de Klee est en bonne place !

Paul Klee est mort de sclĂ©rodermie, une maladie rare dont il a souffert durant cinq ans. Il avait conquis une gloire internationale. Il Ă©crit dans son journal : Je suis insaisissable dans l’immanence. Car je rĂ©side aussi bien chez les morts que chez les ĂŞtres qui ne sont pas encore nĂ©s. Un peu plus près du cĹ“ur de la crĂ©ation qu’il n’est habituel.
Mots Ă©tonnants…digne d’un chamane.